Au-dessous des volcans
Présentation par Gilles Baudin
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Rassurez vous, je ne dirai que quelques mots, au nom de toute l’équipe du film, que je m’empresse de vous présenter. A tout filmeur tout honneur, je commence par René Davila (...) Osvaldo Torres a composé la musique, Dominique Longuet a traduit et dit le commentaire
du film, Fernando Orellana a construit le site Internet consacré à ce long métrage (...) Moi, je n’ai strictement rien fait mais j’essaie de me rattraper ce soir.
Alors comme aux Césars ou aux Oscars, qui ne manqueront pas de couronner cette œuvre un jour ou l’autre, nous allons commencer par les remerciements, sincères car ce travail n’aurait jamais abouti sans l’aide apportée par de nombreuses personnes sur les deux
continents.
Un très grand merci à Mme l’Ambassadrice de Bolivie, qui nous fait l’honneur de sa présence, ainsi qu’au personnel de l’ambassade, grâce auxquels cette soirée d’avant-première est aussi une célébration du premier anniversaire
de l’investiture du président Evo Morales.
Merci pour son accueil à la Maison de l’Amérique latine, au Jouet Enragé, au Conseil Pro-Bolivia et à Amelatine.com.
Tous nos remerciements aussi, parmi les personnes présentes ce soir, à Montserrat Casanavova, à Daniel Sultan d’Artis Diffusion, à Raul Mercado, auteur et interprète de l’hommage musical à Evo Morales, à tous ceux que je ne cite pas faute
de temps mais que nous n’oublions pas, et merci à vous tous, d’être venus si nombreux.
Le film que vous allez voir est l’aboutissement de 6 années de travail, un travail de recherche, de contacts, de réflexion avant d’être un travail de tournage, puis de montage. Aucun soutien financier ne lui a été apporté en dehors de son financement
par l’équipe de production. Sa diffusion ne fait que commencer et toute aide est la bienvenue, vous pouvez faire circuler le message !
J’en viens au contenu. Au dessous des volcans a été tourné en décors naturels. Et quels décors ! Pour paraphraser Neruda, je suis tenté de dire que celui qui n’a pas vu les rayons du soleil faire briller l’Illimani, en écoutant
le vent dissiper le silence de l’Altiplano, celui-là ne sait rien de la beauté du monde, dont la Bolivie présente un concentré éblouissant.
Comme tous les films ou presque, celui-ci a un acteur principal, qui d’ailleurs est aussi son scénariste : le peuple bolivien en lutte pour sa dignité et sa libération. Il compte aussi une distribution prestigieuse de militants politiques et syndicaux, anonymes ou célèbres
que vous allez découvrir. |
Comme tous les films ou presque, celui-ci raconte une histoire, qui n’est autre que l’Histoire, cette période révolutionnaire qui va de 2002 à 2006 et dont René a tenu la chronique avec sa caméra. Mais que l’on ne s’y
trompe pas : en Bolivie, la révolte et le combat populaire viennent de loin. On le sait peu en France, mais une authentique révolution populaire a triomphé à La Paz en 1952, six ans avant la révolution cubaine, qui s’est attaquée au régime de propriété
et a procédé à la nationalisation des mines d’étain.
La seconde moitié du XXème siècle est jalonnée de luttes entre le mouvement populaire bolivien et l’oligarchie qui abrite ses privilèges derrière les forces armées, auteurs de coups d’Etat militaires à répétition avec
le soutien actif de Washington et, suivant les saisons, des dictatures qui sévissent alors en Argentine et au Brésil. Quant à la politique économique, elle est placée sous la très austère tutelle du FMI, grand pourvoyeur de pauvreté dans le monde
au nom de l’ajustement structurel, cette relique sacrée censée dégager l’excédent financier nécessaire au paiement de la dette extérieure.
Répression, emprisonnement, exil forcé, assassinats : rien n’y fait, la résistance populaire met périodiquement en échec les régimes militaires et finit par imposer des élections libres. Car si Engels disait au XIXème siècle qu’en
France les luttes de classes étaient menées jusqu’au bout, c’est bien à la Bolivie qu’au XXème siècle cette remarque pourrait s’appliquer.
Mais dans les années 90, le parti qui se voulait dépositaire de l’esprit de 1952, le MNR, épouse le néo-libéralisme en vogue pour démanteler les acquis de la révolution, à commencer par les entreprises publiques, et suit un cours politique
si contraire aux intérêts de la nation et des Boliviens que le peuple se soulève comme un seul homme en 2002, et enclenche le processus qui mène à la victoire du MAS aux élections de l’an dernier. C’est ce que nous allons voir ce soir, donc je n’en
dis pas plus.
Une dernière considération, mais qui n’est pas la moins importante : très vite après son arrivée au pouvoir, le gouvernement d’Evo Morales a nationalisé les hydrocarbures au grand dam des multinationales et de la pensée dominante. Evènement
considérable car il y a belle lurette qu’un gouvernement n’avait pas commis un tel crime contre la propriété !!! Or Chavez vient d’annoncer qu’il en fera de même au Venezuela dans les secteurs de l’électricité et de la téléphonie,
et cet exemple pourrait être suivi par d’autres, ailleurs.
Voilà qui m’inspire une sorte de proverbe chinois sans aller jusqu’à la Grande Muraille : celui qui n’hésite pas à renationaliser les entreprises que les libéraux ont privatisé est un brave, celui-là acquiert la bravoure- j’ai
bien dit la bravoure, et à bon entendeur, salut !
Maintenant, place au film.
Maison de l'Amérique latine, Paris
janvier 2007
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