Venezuela : signez la
pétition exigeant des Etats-Unis une intervention contre un coup d'Etat
ATTAC - Le Grain de sable
N° 393 - 03 janvier 2003 http://attac.org/indexfr/index.html
Par CEPR (Center for
Economic and Policy Research, Washington DC) Alors que la crise politique empire
au Venezuela, la Maison-Blanche demeure silencieuse. Nous vous invitons à
vous joindre à un appel pour exiger du président Bush et de son
administration qu'ils s'opposent explicitement à tous les moyens non constitutionnels
et violents qui pourraient être utilisés pour résoudre la
crise actuelle, et qu'ils déclarent qu'ils ne toléreront pas un
coup d'Etat et n'auront aucune relation diplomatique ou commerciale normale avec
un gouvernement mis en place par un coup d'Etat. Pour signer, veuillez contacter
Marya Murray Díaz : murraydiaz@cepr.net,
(202) 293-5380 ext. 208
Décembre 2002
Cher président
George W. Bush,
Compte tenu de la tension
politique accrue au Venezuela, et reconnaissant qu'une partie de l'opposition
est déterminée à remplacer le président Hugo Chavez
par tous les moyens nécessaires, nous, les organisations et individus soussignés,
en appelons à vous pour affirmer sans équivoque que le gouvernement
des Etats-Unis s'oppose à toute tentative de remplacement du gouvernement
vénézuélien élu démocratiquement par un coup
d'Etat militaire ou tout autre moyen non constitutionnel. En outre, la Maison-Blanche
devrait affirmer que les Etats-Unis n'auront aucune relation diplomatique ou commerciale
normale avec un gouvernement mis en place par un coup d'Etat.
Nous pensons que le silence
de la Maison-Blanche depuis le coup d'Etat militaire du 11 avril, que l'administration
a semblé approuver, est largement interprété comme un soutien
à d'autres tentatives de coups d'Etat. Nous nous inquiétons car
cette perception réduit les efforts des leaders de l'opposition et du gouvernement
Chavez à rechercher dans le dialogue une solution pacifique à la
crise actuelle.
Nous nous inquiétons
aussi de ce que, tandis que les dirigeants de la Maison-Blanche ont maintenu leur
silence, Otto Reich, actuellement envoyé spécial du ministère
des Affaires étrangères pour l'hémisphère Ouest, ait
récemment distingué le gouvernement vénézuélien
par des critiques, affirmant qu'" une élection n'est pas suffisante pour
dire d'un pays qu'il est une démocratie. " Cet écart inhabituel
dans le protocole diplomatique, surtout compte tenu du coup d'Etat d'avril, a
rendu encore plus suspectes les intentions de Washington auprès des officiels
du gouvernement vénézuélien.
Le rôle du gouvernement
des Etats-Unis dans le coup d'Etat du 11 avril demeure imprécis. Nous savons
que des hauts gradés américains ont rencontré des leaders
du coup d'Etat dans les mois qui l'ont précédé. Des groupes
d'opposition qui étaient impliqués dans le coup d'Etat ont aussi
reçu des fonds du gouvernement des Etats-Unis. En même temps, l'administration
Bush exprimait ouvertement son hostilité au gouvernement du président
Chavez. Selon le Bureau de l'inspecteur général du ministère
des Affaires étrangères, l'une des raisons de cette friction était
" l'implication du président Chavez dans les affaires de la compagnie de
pétrole vénézuélienne et l'impact potentiel de cette
implication sur les prix du pétrole ".
En outre, le Bureau de
l'inspecteur général du Ministère des affaires étrangères,
après avoir examiné le rôle des officiels américains
avant et après le coup d'Etat d'avril, a conclu que les avertissements
des Etats-Unis contre le coup d'Etat " n'étaient peut-être pas allés
assez loin. Parmi les nombreux cas d'avertissements similaires, peu sont allés
au-delà de la formulation standard - "pas de changement non démocratique
ou non constitutionnel". Les menaces de non-reconnaissance d'un gouvernement mis
en place par un coup d'Etat, de sanctions économiques ou d'autres actions
punitives concrètes ont été peu nombreuses. Cela, aussi a
été reconnu et déploré a posteriori par quelques dirigeants
américains."
Le rapport OIG du ministère
des Affaires étrangères a en outre noté que " le fait même
que les Etats-Unis aient eu des rencontres régulières et répétées
avec ceux qui avaient intérêt à évincer le gouvernement
Chavez et qu'ils les aient écoutés jusqu'au bout peut en soi avoir
été perçu comme un soutien à leurs efforts, en dépit
de nos dénonciations rituelles des moyens non démocratiques et non
constitutionnels. "
Etant donné ces
circonstances, le silence actuel de la Maison-Blanche sur son opposition à
un coup d'Etat militaire, ou tout autre possible renversement non constitutionnel
du gouvernement vénézuélien élu démocratiquement,
est perçu au Venezuela et ailleurs comme un soutien à de telles actions
illégales. Les leaders d'opposition qui sont déterminés à
renverser le gouvernement ont peu de raisons de rechercher le dialogue ou une
solution pacifique, s'ils pensent que le gouvernement des Etats-Unis les soutiendra
quoi qu'ils fassent.
Le gouvernement américain
devrait manifester son soutien permanent et actif aux gouvernements élus
démocratiquement. Seule une condamnation forte de la part de la Maison-Blanche
expliquant que les Etats-Unis s'opposent à des actions violentes et non
constitutionnelles, qu'ils ne toléreront pas un coup d'Etat et qu'ils imposeront
des sanctions sur tout gouvernement mis en place par un coup d'Etat, permettra
de transmettre un message démocratique convenable aux acteurs politiques
vénézuéliens ainsi qu'à d'autres gouvernements d'Amérique
latine.
Nous appelons donc la
Maison-Blanche à affirmer clairement sa position, avant que le Venezuela
ne dérive encore un peu plus vers la guerre civile.
Sincèrement,
-Marie Dennis, directrice
du Bureau Maryknoll des Affaires générales
-Thomas J. Gumbleton, évêque auxiliaire de l'archidiocèse
de Detroit
-Noam Chomsky, PhD, département de Linguistique, MIT (Institut
de technologie du Massachusetts)
-George Kourous, directeur du Programme Amériques, IRC (Centre
de ressources interhémisphériques)
-Sarah C. Aird, directrice exécutive du Réseau de
solidarité avec le peuple du Guatemala
-Katherine Hoyt, co-coordinatrice nationale du Réseau Nicaragua
-Diana Bohn, co-coordinatrice du Centre nicaraguayen pour l'action
communautaire
-Mark Weisbrot, codirecteur du Centre de recherche économique
et politique
source : http://attac.org/indexfr/index.html